Le Sri Lanka connaît actuellement une crise aux multiples visages. Les manifestations massives et la prise du palais présidentiel du 9 juillet étaient essentiellement menées par la classe moyenne jeune, la plus durement touchée par la sévère inflation, par les difficultés d’importation, et par les pénuries de pétrole et de gaz menant à des coupures de courant de dix à treize heures par jour. La crise a pris une dimension politique suite à la violente répression ordonnée par l’ancien président Gotayaba Rajapksa et sa famille, en tête du gouvernement. 

Généralement considéré comme une puissance solide en Asie du Sud, le Sri Lanka a subi de plein fouet la crise du Covid-19, et l’arrêt du tourisme international. Sa dette extérieure n’a cessé d’augmenter depuis une dizaine d’années, provoquant des problèmes d’importation. Le gouvernement Rajapksa a décidé des réductions d’impôts, une surimpression de billets, malgré les mises en garde du FMI, et l’interdiction totale des engrais chimiques, menant à un important déficit agricole et à une sévère inflation. 

Ranil Wickremesinghe, ancien Premier Ministre, a été nommé Président par intérim le 15 juillet. Mais de nombreux Sri Lankais maintiennent la pression et continuent de manifester pour exiger sa démission. Le nouveau président aura en effet la difficile tâche de réparer une économie en surchauffe, et un pays divisé par la crise politique. La consommation des ménages est en chute libre, les prix explosent, beaucoup de foyers sont revenus au feu de bois pour faire face à la pénurie d’énergie et aux coupures de courant, des violences éclatent dans les files à la station-service, qui durent parfois des nuits entières.