Bras de fer entre la Turquie et la Suède

Début février, le président turc Reccep Tayyip Erdogan a déclaré qu’il s’opposerait à ce que la Suède rejoigne l’OTAN, tant qu’elle n’interdirait pas toute profanation du Coran. 

Cette déclaration fait suite à l’acte d’un militant d’extrême-droite suédois, Rasmus Paludan, qui a brûlé le 21 janvier dernier un exemplaire du Coran près de l’ambassade de Turquie à Stockholm. Les autorités suédoises considèrent qu’un tel acte est légal, au nom de la liberté d’expression. Mais Erdogan, qui s’est toujours positionné en défenseur de la foi musulmane, ne l’entend pas de cette oreille. Il a affirmé devant les députés de sa majorité, l’AKP : « La Suède, ne vous embêtez même pas ! Tant que vous permettez à mon livre sacré, le Coran, d’être brûlé… nous ne dirons pas “oui” à votre entrée dans l’Otan » 

La question fait débat dans les pays scandinaves. Si la Finlande, voisine, et également candidate à l’OTAN, interdit la profanation des textes sacrés, la Suède l’autorise toujours. Mais dans un contexte où l’extrême-droite se durcit et où l’islamophobie progresse, les partisans des deux camps se radicalisent. 

La candidature à l’OTAN des pays scandinaves est vue d’un mauvais œil par la Russie, voisine. La question est instrumentalisée par les soutiens de Poutine, pour empêcher à la Suède de rejoindre l’OTAN, considéré comme un rempart contre une possible offensive russe. L’Institut américain Robert Lansing analyse : « Le Kremlin a comploté en montant une opération visant à intensifier les antagonismes entre la Turquie et la Suède dans le cadre des prochaines élections turques (législatives et présidentielle programmée le 14 mai), réalisant qu’une attaque contre un symbole religieux de l’islam ne peut être ignorée pendant une campagne en cours » 

Ces tensions pourraient avoir des répercussions encore plus larges, sur l’image de la Suède en pays musulmans, et sur la compréhension des enjeux religieux en pays scandinaves. 

Facebook
Twitter
LinkedIn