« Le monde d’après » de la diplomatie

Poussiéreux, le Quai d’Orsay ? Le Président Emmanuel Macron veut moderniser l’institution selon les méthodes « startup nation » : plus de mobilité, plus de fluidité, un management plus horizontal. Dorénavant, les diplomates devront pouvoir occuper d’autres postes de la haute administration, ou être issus d’autres corps de hauts fonctionnaires. Un préfet ou un consul pourraient échanger leurs affectations en fonction des besoins. On pourrait s’attendre qu’à ce niveau de compétences et de responsabilité ces transferts de postes soient facilement acceptés au nom de l’efficience de l’Etat, mais la diplomatie française reste une maison très fermée.

« Le 2 juin, je ferai grève. La diplomatie rassemble une gamme de métiers qui ont tous en commun d’être spécifiques et de s’acquérir dans le temps long. C’est une vocation, pas une compétence parmi d’autres. Rénovation, oui. Effacement, non » a déclaré Philippe Bertoux, Directeur des Affaires Stratégiques au Ministère des Affaires Étrangères, dans un tweet du 27 mai.

Le collectif des 500 jeunes diplomates à l’origine de ce mouvement social inédit, revendique à la fois la particularité d’un métier basé sur des relations personnelles avec des pays, des coutumes et des langues spécifiques, et le maintien des moyens financiers qui garantissent son efficacité et son
prestige.

Leader d’une Europe qui commence à trouver sa place dans les relations internationales, tiraillé entre les Etats-Unis, la Chine et les nouveaux pays émergents, le réseau diplomatique français se doit de rester le plus efficace possible à tous les niveaux et quels que soient les modes de gestion des gouvernements successifs. La réforme d’une institution, souvent critiquée pour son traditionalisme et son entre-soi, est donc nécessaire, mais ne doit pas mener à l’effacement de ses spécificités et de sa compétence.

Entre les voyageurs imprudents, les contrats commerciaux et les tensions militaires, les métiers de la diplomatie ne peuvent pas s’apprendre que dans une salle de cours ou dans une sous-préfecture. Les dangers d’une France amoindrie dans les cercles internationaux sont nombreux, et ne se résument pas à un budget prévisionnel. La grève des jeunes diplomates, en écho à la grève actuelle des étudiants de l’ex-ENA, souligne surtout l’inquiétude des hauts fonctionnaires devant des réformes jugées « précipitées et non-concertées », ainsi que l’expriment les étudiants dans une tribune au Monde.

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